Le pouvoir des mots dans “Euphoria”

Dans sa première saison, Euphoria a bouleversé l’univers de la jeunesse en la montrant sans vêtements, alors qu’elle est pleine de paillettes et remplie de toutes les drogues possibles. Ce sont huit épisodes capables de susciter le scandale et l’émotion, au milieu des cris de miracle et de censure. Mais la série avec Zendaya est de retour pour deux spéciales, un pont imaginaire entre la première et la deuxième saison, disponible sur HBO et HBO GO.

La première a été diffusée dans la nuit du 6 décembre, en même temps que les États-Unis, nous renvoyant dans le monde enveloppé par un profond trou noir, où il y a de petits flashs de lumière. Car comme le dit le titre de l’émission spéciale de Noël d’Euphoria : “Les problèmes ne durent pas éternellement”.

Dîner, crêpes, veille de Noël. Ali et Rue sont assis à une table, et il y a un grand fossé à combler après la fin de la première saison d’Euphoria : Rue a repris de la drogue. C’est pourquoi le retour d’un Colman Domingo extraordinaire comme Ali est si crucial : Rue a besoin d’un ami, de quelqu’un qui croit en elle.

Le réalisateur de la série a tourné cet épisode dans un isolement presque total, dans des conditions restrictives diamétralement opposées au style de la série. L’image est fixe, tout comme le lieu. Sam Levinson exploite au mieux cette atmosphère minimaliste, écho lointain du célèbre tableau d’Edward Hopper, Nighthawks (1942), dans lequel deux “oiseaux de nuit” discutent autour d’un dîner en vert et rouge.

Sam Levinson semble répondre à la critique faite de sa série : céder à la provocation gratuite et rester dans une peinture superficielle et esthétique de l’adolescence. Rue parvient à mettre son âme à nu, sous sa caméra qui tourne et s’enfonce habituellement dans ses personnages, cette fois-ci en se concentrant sur les mots. Le résultat est une véritable réflexion sur les addictions et la relation avec les drogues. Un sujet sur lequel le créateur (un ancien toxicomane qui s’était calmé à l’âge de 16 ans avec l’idée que la drogue le “tuerait probablement”) a beaucoup à dire.

A travers les réflexions d’Ali, une sorte de grand frère sage et de psychiatre qui sait garder la bonne distance avec son “patient”, nous sommes amenés à des considérations universelles. “C’est la lutte de chaque être humain pour être à la hauteur de son système de croyances”, résume-t-il. S’il a pris un chemin spirituel, en se convertissant à l’Islam, la notion de croyance ne doit pas être comprise uniquement d’un point de vue religieux. Il faut avoir foi en quelque chose dans cette vie pour combattre la tentation du nihilisme : si ce n’est en une religion, alors peut-être en les principes, en la puissance de la rédemption, en sa capacité à créer une révolution intérieure.

L’épisode spécial d’Euphoria ne sauve rien, car Ali veut sauver Rue, ou du moins la convaincre qu’il est possible de le faire, qu’elle n’est pas une mauvaise personne et n’a rien fait d’irréparable. Quelque chose qui ressemble à ce que nous voulons tous entendre, au moins une fois dans notre vie.

Où voir Euphoria ?
La série est disponible sur HBO GO et HBO On Demand.

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