Ce n’est jamais pareil… et le pire reste à venir.

Quand la photographie est faite, le cinéma est fait. Une fois que vous faites de la radio, vous faites de la télévision. Une fois l’ordinateur fait, le Web est fait, et après chaque découverte vient la puanteur sous le nez. Mais, étrangement, pas pour ce qui a précédé, mais pour ce qui suit. Pour le nouveau qui avance. La peur de l’innovation, peut-être, ou la peur d’être incompris par les nouveaux médias. Il est surprenant que ce soient, entre autres, les personnes instruites qui craignent et critiquent plus durement ce qui se passe dans le monde contemporain : comme s’il fallait craindre les Sanculottes de la communication.

À cet égard, un croquis de Paolo Villaggio tiré de “E’ domenica, ma senza impegno”, récemment publié sur le compte Intagram de RaiCultura, me vient à l’esprit. Dans ce court monologue, les intellectuels que Paolo Villaggio dépeint sont des philistins, hypocrites au point de prétendre préférer un traité de sémantique à un épisode de Cantagiro (ou même de prétendre ne pas le connaître du tout).

Une fois passé le moment de la télévision pédagogique des années 1960, immédiatement après (c’étaient les années où la télévision n’était plus aimée, plus chic, plus cultivée, plus élégante, plus intelligente), beaucoup d’entre nous ont snobé la télévision au point de la renier et de mentir, en disant que cela portait malheur de la regarder, malheur d’être influencé par elle, etc. Sauf à découvrir, toujours dans ce sketch, que secrètement les chansons et les émissions de télévision étaient écoutées et regardées avec amusement, même par des personnes insoupçonnées.

En bref, une critique féroce, du moins en apparence, du contemporain est toujours à portée de main. Dans le sketch en question, Villaggio nous disait tout cela avec une ironie caricaturale, mais la vérité est que l’on peut peut-être lire de la bonne littérature et en même temps regarder quelques émissions de télévision, quelques films comiques, quelques posts sur Facebook ou une vidéo sur YouTube, TikTok, des podcasts et des discussions sur Clubhouse.

A chaque innovation technologique, nous pensons toujours avoir atteint le tournant final, irrémédiable : sans doute une myopie de ceux qui ont mauvaise mémoire et la pandémie que vous avez connue a plus que jamais aiguisé ce sentiment de dépassement millénaire.

Est-ce une question de choix ? Mais devons-nous vraiment toujours choisir ? Sommes-nous toujours sur la crête entre le passé et le futur ? Je dirais que, potentiellement, nous le sommes toujours.

Pourquoi le papier ou le numérique ? Pourquoi la présence ou le papa, si l’on pense à l’enseignement ? Pourquoi le classement ? D’abord ça, puis ça ? Nous devrions résister à la tentation de choisir de manière définitive et nous devrions être capables de choisir, à différents moments, différentes solutions. Le Covid nous a obligés à devoir opérer des solutions plurielles et nécessaires pour la contingence du moment comme une plus grande immersion technologique dans le travail, dans la formation, dans les relations. Et c’est là que le débat sur le numérique par rapport à la présence s’est enflammé. Oui ! Nous sommes loin, nous ne pouvons pas nous toucher (et dire que bien souvent, j’ai été et je suis encore agacée par des mains qui me touchent ou me font des clins d’œil). Nous avons été forcés d’être éloignés dans l’espace physique, mais peut-être n’avons-nous jamais été aussi proches, autant que nous le sommes maintenant, ou plutôt ne nous sommes-nous jamais vus aussi souvent. Vu. Je te vois et tu me vois dans nos écrans qui restent dans un espace physique différent, mais dans un espace commun, je n’en doute pas.

Et ainsi l’espace et le temps changent. Tout est réduit, mais aussi amplifié. C’est le point de vue (ou la perception) de l’observateur qui dilate et restreint l’espace et le temps. Et le coupable est une fois de plus le majordome : la technologie qui intervient, comme toujours, comme une divinité multiforme, toujours sous de nouvelles formes, mais avec une impitoyabilité archaïque. C’est elle qui nous rapproche et nous éloigne. Il agit comme un miroir et reflète donc. Elle agit comme un filtre et est donc sélective. Elle agit comme une amplification, donc elle augmente. Elle agit comme un traducteur, donc elle interprète ou réduit.

Ou encore, il est entendu par Techné comme la capacité, dans l’exercice de compétences particulières, de mettre en commun la connaissance des règles et celle de la communication. C’est Techné qui nous fait entrer dans la nouvelle condition de temps et d’espace de notre vie contemporaine. C’est Techné qui nous permet d’être pop et intellectuel. Contextuellement.

Qu’il en soit ainsi !

Maxime Le Moine
Maxime Le Moine
Grand amateur et passionné de technologie, j'ai un faible pour les machines en tout genre. Je vous partage les nouveautés tech pour vous permettre de vous garder à jour dans l'évolution qui ne s'arrête jamais!

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