La permanence de l’espace rend le cœur des moucherons plus petit et moins capable de pomper

Résumé graphique de l’étude (crédit : DOI : 10.1016/j.celrep.2020.108445, Rapports des cellules)

Au cours d’une expérience menée à bord de la Station spatiale internationale, des mouches à fruits ont montré que le fait de passer environ la moitié de leur existence dans des conditions de microgravité provoque de profonds changements structurels et biochimiques dans leur cœur. C’est ce qui est décrit dans l’étude, publiée dans Rapports des cellulesce qui souligne donc une fois de plus les problèmes au niveau physique, également au niveau des organes internes, en ce qui concerne le séjour prolongé dans l’espace, ce qui n’est certainement pas une bonne nouvelle par rapport à d’éventuels voyages plus longs dans notre système solaire, comme celui vers Mars.
Des effets similaires pourraient également affecter les êtres humains et il sera donc nécessaire de développer des mesures de protection pour contrer la dégradation du cœur.

Changements au niveau cellulaire et moléculaire

Selon Karen Ocorr, professeur adjoint à Sanford Burnham Prebys et l’une des actrices principales de l’étude, c’est la première fois que des changements au niveau cellulaire et moléculaire concernant l’organe cardiaque sont observés dans des études liées à la permanence dans l’espace. Nous disposons maintenant de données et d’une véritable feuille de route concernant les effets que la microgravité peut avoir sur l’un des organes les plus importants, le cœur, et nous pouvons donc commencer à élaborer des stratégies pour le protéger en vue de futures missions spatiales.

Des études avaient déjà montré un changement dans la forme du cœur

Ce n’est pas la première fois que nous analysons les effets de l’espace sur le cœur. Déjà dans le passé, certaines études ont montré que la permanence dans l’espace, même dans des conditions de microgravité, comme celles qui prévalent sur la Station spatiale internationale, peut rendre le cœur plus sphérique et peut affaiblir le muscle cardiaque, ce qui réduit la capacité de pomper le sang dans différentes zones du corps.
C’est la première étude, au contraire, qui découvre des changements également au niveau cellulaire et moléculaire, qui provoquent entre autres ces mêmes transformations.

Des solutions thérapeutiques devront être trouvées

Et donc, si nous continuons à travailler, également au niveau de l’ingénierie, pour comprendre les possibilités d’établir une colonie sur notre satellite naturel ou même sur Mars, il est en revanche essentiel de comprendre les effets que l’espace peut avoir sur le corps humain, un corps biologique qui n’est certainement pas structuré pour passer beaucoup de temps dans des conditions comme celles qui existent dans l’espace ouvert. Il est clair qu’un développement thérapeutique important sera nécessaire pour éviter les effets dramatiques sur le cœur de la microgravité et des voyages spatiaux.

Les mouches à fruits sur la station spatiale internationale

Dans ce cas, les chercheurs ont utilisé des mouches à fruits. Au fil des ans, ces insectes sont devenus des modèles étonnamment adaptés pour faire des comparaisons avec le corps humain puisqu’ils partagent plus de 75% des gènes avec les humains eux-mêmes.
Dans ce cas, les insectes ont été transportés vers la station spatiale dans des boîtes spéciales ventilées et y sont restés pendant plus d’un mois. Pendant cette période, les mouches des fruits elles-mêmes ont produit au moins une génération de descendants et c’est cette dernière qui a reçu le plus d’attention de la part des chercheurs.

Plus petits et moins capables de pomper les coeurs

Une fois de retour sur Terre, les enfants ont en effet été analysés par une équipe scientifique et cette dernière a constaté qu’ils avaient un cœur plus petit, moins contractile et moins capable de pomper le sang. Ils ont constaté que le tissu cardiaque avait également subi un remodelage important et que les fibres musculaires, généralement disposées en parallèle, s’étaient désalignées, perdant le contact avec les mêmes structures fibreuses, une autre caractéristique qui réduisait la force de pompage.
“Dans le cœur d’une mouche normale, les fibres musculaires fonctionnent comme des doigts lorsqu’elles pressent un tube de dentifrice. Pendant les vols spatiaux, la contraction était comme si on essayait d’enlever le dentifrice en appuyant au lieu de le presser”, explique Ocorr, “pour les humains, cela pouvait devenir un gros problème.

Maxime Le Moine
Maxime Le Moine
Grand amateur et passionné de technologie, j'ai un faible pour les machines en tout genre. Je vous partage les nouveautés tech pour vous permettre de vous garder à jour dans l'évolution qui ne s'arrête jamais!

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